1. T’es le fils unique d’un père chirurgien et d’une mère infirmière urgentiste. Tes parents se sont rencontré sur leur lieu de travail et, à en juger par le temps qu’ils y passaient aujourd'hui encore, sans doute que c’est là-bas également qu’ils t’avaient conçu.
2. De ton enfance, tu gardes assez peu de souvenir de temps passé en famille. Tes parents travaillaient beaucoup et, aussi aimant aient-ils pu être, tu n’étais clairement pas leur priorité.  Après tout, la vie de personnes était en jeu ! Qu’est-ce que coucher son fils, l’amener au parc, jouer avec lui, le rassurer lorsqu’un homme attendait une transplantation rénale ou qu’un autre venait de percuter un camion et nécessitait des soins de premier secours ?
3. T’as grandi entouré de baby sitter qui, aussi gentille aient-elles pu être, changeaient si souvent que tu n’es jamais parvenu à vraiment t’y attacher. Ou plutôt, tu y étais parvenu avec les premières, avant de réaliser que, là aussi, tu passais après une vraie carrière sitôt leurs études ou temps de chômage terminé. Après la troisième, tu avais finis par comprendre que tu ne devais pas t’y attacher, sous peine d’être blessé.
En règle général, tu avais bien compris que l’attachement ça faisait plus de mal que de bien, créant chez toi une tendance abandonnique que tu camouffle sous un désir de bien faire, couplé à un m’enfoutisme croissant.
4. C’est peut-être pour cette raison que tu veux prouver au monde que tu vaux plus que ce que tous semblent voir de toi, quitte à tricher, à mentir pour ça. Tu veux prouver à tes parents que tu es digne d’eux, si ce n’est meilleur. Tu passes beaucoup de temps à parfaire ton physique à coup de salle de sport et de soins coûteux. Beaucoup de temps aussi devant la glace, à t’entrainer à sourire, rire, froncer les sourcils, avoir l’air compatissant… Tu as pris des années à te créer cette personnalité, ce physique, que tu tentes de parfaire à chaque jour afin de l’adapter en fonction des besoins et attendus de ceux te faisant face.
Tu veux faire en sorte d’être respecté, admiré, aimé par le plus grand nombre. Et tant pis si cet amour est factice. Si celui qu’ils aiment n’est pas vraiment toi. Il reste une partie de toi. Tu le deviens, pour eux.
5. T’as rencontré ta femme actuelle au lycée, alors que tu n’avais pas plus de 15 ou 16 ans. A cette époque, elle était surveillante dans ton école deux demi-journées par semaine afin d’arrondir les fins de mois et lui permettre de payer ses études de droits.
Rapidement, vous avez commencé à sympathisé. Elle était belle, avec ses longs cheveux bruns et ses yeux semblables à deux opales. La moitié de tes copains fantasmaient dessus et, pourtant, c’est à toi que s’adressaient la plupart de ses sourires. C’était ton épaule qu’elle venait effleurer, lorsqu’elle te croisait dans les couloirs ou en salle d’études, te fixant d’un regard qui, pour l’adolescent plein d’hormones que tu étais, ne laissait que peu de place aux doutes.
Un beau jour, elle t’avait proposé d’aller manger une pizza tous les deux et, après quelques échanges du genre, t’avait inviter chez elle pour te montrer un livre, un CD, ou un quelconque bibelot dont vous aviez parlé au cours d’un de vos déjeuner et qui, tu l’avais parfaitement compris même à l’époque, n’était là que pour servir de prétexte à une invitation ayant un tout autre but.
Au final, tu es repartie de chez elle sans cette babiole et en y ayant laissé ta virginité.
Tu avais 16 ans. Elle 24.
6. Suite à cette soirée, vous aviez continué à vous voir chaque week-end. Elle t’aidait à réviser tes examens entre deux baises et, lorsque vous aviez le temps, vous discutiez de tout et de rien. De vos familles, de vos projets, de vos ambitions… Plus le temps passait et plus tu l’appréciais, cette femme qui, plus âgée et plus mature que toi, te servais un peu de seconde maman, lorsqu’elle décidait à ta place de ce qui était le mieux pour toi, te serrais dans ses bras, te consolait…
Elle supervisait chacun de tes choix et c’est sans doute grace à elle que tu as réussi aussi brillement dans ta vie…
7. Tes parents, d’abord septique en apprenant l’âge de ta compagne, on rapidement accepté votre liaison en apprenant qu’elle étudiait pour devenir avocate.
Une bonne situation en perspective, des projets, un joli minois… Que demander de plus ? De plus, le fais que tu étais l’homme et elle la femme rendait votre relation moins malsaine, de leur point de vue. Après tout, un homme ne pouvait pas être abusé, non ? ça l’arrangeait même plutôt, de pouvoir se taper une femme plus vieille ? C’était simplement le signe de ta maturité. De leur éducation réussite !
8. Tu étais tout juste majeur la première fois que tu partageas le lit d’un autre homme.
Tu venais de commencer tes études de médecine et, lors de la soirée bizutage, tu avais un peu trop bu, un peu trop vite, et t’étais réveillé au côté d’un type dont tu peinais à te figurer aujourd’hui les traits... Tu te savais attiré par les hommes depuis le collège, mais c’était la première fois que tu succombais à ta curiosité les concernant.
Une première fois, rapidement suivie d’une suivante, et d’une autre encore…
Si, au départ, tu culpabilisait de tromper ainsi ta petite amie, tu finis par t’auto persuader que coucher avec un homme n’était pas vraiment tromper.. Juste… une sorte de masturbation améliorée.
Tu étais doué pour ça. Pour te trouver des excuses foireuses et y croire…
9. Tu n’avais pas 20 ans lorsqu’elle te proposa de l’épouser et, habitué que tu étais à répondre à ses moindres désirs, tu avais accepté.
Ça t’arrangeait bien, à dire vrai.  Au moins, ainsi, tu offrirais au monde ce qu’il attendait de toi, à savoir un beau mariage avec une femme magnifique, ambitieuse et que ta famille adorait.
Et si, en plus de bien présenter, ce mariage t’offrait la couverture rêvée pour tes activités nocturne que les années n’avaient en rien calmées, c’était tout bénef.
Une partie de tes soi-disant garde ou de tes soirées entre mecs étaient, certes des soirées entre mecs, mais occupé à bien d’autres activités que celles télé et jeux vidéo…
10. Il y a un mois environs, ta femme est venue te dire qu’elle avait arrêté la pilule quelques semaines auparavant et qu’elle était enceinte. Elle ne te demandait pas ton avis, mais t’informait simplement que tu allais être père d’ici un peu plus de sept mois. Comme toujours, tu avais accepté ce qui t’étais imposé, tentant de te conforter dans l’idée que c’était la juste continuité à votre vie de couple. Après tout, vous étiez mariés depuis 5 ans et elle était entrée dans la trentaine… C’était légitime, non, qu’elle désire construire votre famille ? Tu aurais sans doute préféré qu’elle te demande avant, voir qu’elle attende que tu aies terminé tes études afin de vous assurer de meilleurs revenus, mais tu t’abstiens bien de lui faire la remarque, te contentant de la prendre dans tes bras, ignorant tant que possible ce goût de bille dans le fond de ta gorge et cette appréhension tordant tes entrailles à l’idée d’être enchainer à cette vie que tu avais toi-même construit, et ce pour toujours…