01. L’insulte « fils de pute » est à prendre au sens littéraire, te concernant. Même si, aujourd’hui, ta mère a depuis plusieurs années arrêtée de faire le tapin —du moins pour autant que tu saches—, ça n’enlève rien au fait que, par essence, tu es un authentique fils de pute. Ce que tu te plais parfois à clamer haut et fort en soirée, histoire de mettre un peu d’ambiance. Résultat : soit les autres convives se marres, soit tu créer un long silence gêné…
02. Du fait du métier de ta mère, tu n’as aucune foutue idée de qui peut bien être ton paternel. Un client, sans doute. Tu imaginais assez mal ta mère cumuler les amants occasionnels en plus du reste.
Tu te garderas bien du moindre commentaire —tu en avais assez bouffé plus jeune—, mais toujours était-il que, si ta mère avait la moindre idée de son identité, elle s’était bien gardée de t’en faire part.
03. Tu avais 4 ans lorsqu’il était entré dans votre vie. Cody. Le nouvel amant de ta mère. Son sauveur. Son maquereau, ouais…
Celui qui la protégeait de ses clients les plus violents.
Celui, aussi, qui te frappait lorsque tu faisais trop de bruit. Que tes jérémiades d’enfant entravaient son business.
04. La maitresse a fini par remarquer tes bleus et, une fois n’est pas coutume, appeler la protection de l’enfance envoyant ses travailleurs sociaux chez toi un bon matin. Le soir même, on t’avait amené en foyer « pour ton bien ». Tu avais alors 5 ans.
05. Pendant le reste de ton enfance et le début de ton adolescence, tu as alterné entre foyer, retour en famille et famille d’accueil. Un cadre de vie très peu sécurisant pour l’être en construction que tu étais alors.
Pourtant, malgré le manque de ta mère, ton seul repère —aussi branlant soit-il— dans une vie que tu ne comprenais pas, tout n’était pas à jeter dans tes séjours en foyer. Encore moins dans ceux en famille d’accueil.
C’était d’ailleurs lors de ton premier séjour dans l’une d’elle que tu avais commencé à comprendre que quelque chose clochait chez toi. A réaliser que ta normalité n’était pas celle de tout le monde.
C’est également dans l’une de ces familles que tu rencontras celui qui deviendra —et était aujourd’hui encore— ton meilleur ami. Il était l’enfant de sang de la dame vous accueillant et, du même âge que toi, vous aviez rapidement sympathisé.
C’était rigolo, dans un sens, de voir que l’enfant d’un dame en prenant d’autres sous son aile, était autant sinon plus cassé que ceux qu’elle accueillait…
06. Aujourd’hui, en grande partie grâce aux aides sociales —ces mêmes aides que tu avais tant hais de t’avoir séparer d’elle—, ta mère était parvenu à sortir ses la prostitution et, si elle possédait toujours quelque problématiques avec la boisson, elle vivait une vie aussi stable que possible avec son nouveau compagnon. Un cas soc, lui aussi, mais un « gentil cas-soc ». Il semblait la respecter et c’était plus qu’elle n’avait jamais osé espérer.
07. Tu as arrêté l’école avant la fin du lycée, n’ayant franchement pas la tête aux études. Comment t’encrer dans une quelconque scolarité lorsque tu te sentais balloté au gré des vents et des décisions d’adultes bien-pensant, mais si mal agissant ?
Heureusement pour toi, tu as su te construire, au gré de ta socialisation secondaire, quelques modèles transitoires et appuis faisant que, aussi branlante de soi la structure de ton être, tu arrives aujourd’hui à avancer sans t’effondrer. Mieux même ! A t’accrocher à quelque chose —par exemple un métier— durant plus de 3 jours.

Anecdotes en vrac :

Tu as le permis ainsi qu’une Citroën C3 tombant en panne plus souvent qu’à son tour – ton meilleur pote est tatoueur, mais, pour l’heure, tu n’as toujours pas succomber à l’appel du tatouage – t’essaie d’arrêter de fumer, mais c’est pas simple quand la majeure partie de ton entourage est fumeuse – Tu adores l’odeur du café – T’as réussi la prouesse de remplir la quasi-totalité d’un seau en un seul jet de vomit – Tu sais faire l’alphabet en rotant – Tu possèdes une mini-collection de rubik's cube rigolo, pourtant t’es pas foutu d’en terminer un en moins de 30 min – Officiellement, ta mère est de confession juive, mais, en pratique, elle ne le pratique pas, justement…