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Plum. & P a n i c
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Auburn ; Elijah
Sam 8 Mai - 22:44
Fenix Elbaz
Fenix Elbaz
696
Mon coeur est glacé même quand c'est pas l'hiver.
FONDATRICE

Minuit Passé
J'commence à être affamé comme un mec en détention
Moi c'est le nombre de verres qui fait de moi c'que j'suis
J't'ai d'ja cerné parfaitement vu que j'ai mon Master Cuite

Même jour, même endroit, c’est un peu comme si j’avais trop fait ça , , comme le rendez-vous quotidien d’une vie minable en manque de sensation. Le videur me laisse rentrer, peut-être qu’il reconnaît des constellations dans la forme de mes éphélides, même si c’est sans doute son premier soir. Sa première nuit devant ce club. Peut-être parce que l’autre laissait rentrer n’importe qui, tant qu’on savait lui susurrer du rêve du bout de la langue. Mais j’parie que celui-là  est pas trop regardant non plus et qu’il laisse entrer des petits chimistes aussi. Qu’il se fera virer quand on retrouvera un autre gars mort d’une overdose au fond du bar miteux que je fréquente depuis beaucoup trop longtemps. J’connais par cœur les odeurs , le mood qui s’installe. J’suis d’humeur à vider des litres. Un parmi tant d'autres, c’est un peu les lois naturelles du monde de la nuit, des boites comme celles-si. Alors je rentre et je me mêle instantanément à la foule, comme un vieil habitué. C’est pas ici que je trouverais  le grand amour, peut-être que j’ai laissé tomber pour ce soir, pour la semaine, sans doute même pour la vie. Ou peut-être que j’aime un peu trop me raconter des histoires et au fond, y’a de grandes chances pour que je finisse par craquer pour des yeux pétillants, des mains trop douces ou pas du tout. Mes coups de foudre sont éclectiques. Je les invente, surtout aussi vite que je les renie. Autant que moi je m’invente, dans des lieux comme celui-là pour oublier le monstre que parfois j’entrevois, ivre dans le miroir constellé de taches de calcaires et d’autocollants de groupes qui perceront jamais.  J’me fraie un chemin vers le bar, à la recherche du grand frisson. Putain, si tu savais c’que je tourne en rond depuis qu’elle est partie, Eli. Le fait est que t’es sans doute le seul à savoir cadrer ce genre d’humeur. Ou alors c’est ce que je me raconte à moi-même pour m'autoriser le fait de partir autant en couille. Au fond, j’crois qu’on le sait tous les deux, j’ai toujours été comme ça. A chercher des limites qui n’existent pas. C’est entre moi et le seigneur. Entre moi et la grande faucheuse. Un esprit d’auto destruction encore plus ancré dans le bide. Ma vie c’est une succession de plans foirés, foireux.

Je me colle tout contre des corps et d’autres font de même. Des inconnus aux yeux incertains, peut-être hagards ou trop éblouis par les néons. J’attrape une hanche ou deux, esquisse des sourires pour faire crever d’envie, souffle des baisers pour de faux et puis merde... De toute façon, la seule chose que j’ai à perdre ici c’est peut-être des espérances et des coups de reins stériles qui me feront à peine rêver.  Plus rien m’fais rêver de toute façon. Plus rien d’autre que des regrets et de l’alcool dans le sang. L’un pour oublier l’autre.
Premier verre qui me fait un peu tourner la tête, pas plus qu’un type qui a dû perdre sa chemise quelque part à qui  j’proposerais bien une aide profondément intéressée. Alors je l’aborde sans finesse, peut-être qu’il a trop bu pour réfléchir deux secondes à ce que je lui raconte, mais il me suit déjà dans les méandres labyrinthiques des corps qui s’entrechoquent. Il a cette gueule des petits mecs trop bien pour le monde qui se sont perdu un peu trop souvent, qui ont dû être abîmé par la vie, sans doute un peu par la drogue aussi. Je suis certain qu’il devait être vraiment mignon , à une époque. Et que si je demandais, il me dirait sans doute qu’il a vécu des trucs. Mais putain, tu dois le savoir, Eli, ça fait longtemps que je demande plus rien à personne. J’crois que j’ai croisé beaucoup trop de gens brisés, beaucoup trop tôt. Et j’crois qu’au final, j’me suis moi-même un peu éclaté en route. J’ai beau faire le grand qui ne ressent rien, parfois dans tes yeux, j’vois mon regard qui reflète. Et j’crois que je convainc personne. Peu importe au fond. Il n'est pas là pour parler. J’suis pas là pour argumenter de son passé houleux. Je me concentre sur l’aspect amusant. Et au fond, tu sais, Eli je suis peut-être l’avant de son après. Et dans quelques mois, j’aurais sans doute la même gueule épuisée que lui.  

***

Une sensation de bien-être qui s'empare de moi, quand je remonte la tête, après avoir sniffé du poppers. Un rire qui s'échappe d’entre mes lèvres, de ceux qui ne se soucient plus de rien. L'effet durera quelques minutes, à peine, mais en attendant, j’me sens comme le roi du monde. Des lèvres offertes auxquelles je viens m'accrocher, pour juste le plaisir dû à l'euphorie soudaine. Je range le flacon dans une poche de mon jean, reniflant bruyamment les yeux trop grands ouverts.  Et c’est marrant, mais je rigole là, tout de suite en pensant à toi, Eli, toi qui est venu avec moi ce soir et que j’ai perdu de vue en dix minutes. J’imagine ta gueule de petit con énervé de t’avoir lâché pour aller baiser dans les chiottes. Toi qui te dis que y’a sans doute plus rien à faire de moi. J’suis sans doute une putain de cause perdue à tes yeux.

Et je sais qu’à un moment venu dans la soirée si je t’ai pas retrouvé, tu viendras me chercher dans l’espoir encore de me sauver de moi-même.  Et j'en rigole, encore et encore, me décroche des lèvres du mec dont j’ai même pas capter le prénom  en faisant un bref signe, un bref son pour dire que je dois aller pisser. Je me décroche de là, loin de la chaleur d'un corps pas assez farouche. Et sans doute qu'il peut se dire la même chose de moi, ouais. Y'a du monde dans les toilettes aussi, j'attends quelques minutes avant de pouvoir pisser, mais j’dois dire que j'adore cette ambiance, particulière, qui me permet trop facilement de m’oublier. Dans la cabine, je me fous du reste du monde, mais il se rappelle un peu à moi tout de même, tandis que l'euphorie retombe. Non, non, non, pas ça… J’me dis que me flinguer les naseaux au poppers, ça aidera pas ma cause, et j’oublie même qu’il y a un type qui m’attends dans un coin de la boite et je retourne dans la masse discontinue de corps informes. Je te cherche, je me dis qu’au final, j’aimerais bien me mettre une caisse avec toi. Je réalise pas que deux heures sont passées depuis que je t’ai quitté au bar en te disant : «- Attends-moi, j’reviens dans une seconde. » Je m’attends pas vraiment non plus à te voir assis à la même table au fond de la boîte. J’te connais assez pour savoir que tu as dû aller faire ta vie. Sous la lumière des stroboscopes, des corps qui scintillent et s’font désirer, peau contre peau, alanguies d’amour et de perdition. Marin des nuits d'ivresse, d’alcool et d'oubli et de hanches à agripper. Je suis peut-être un peu trop  de ces gens perdus, à la recherche de sirènes à écouter, me faire pigeonner et réitérer une autre fois. Vendredi soir quelque part, comme chaque vendredi, comme si c’était mon église, une salle surchauffée et inondée de lumières, de néons, des cocktails pour la messe et des cachetons sous le manteau pour l'hostie.  

Amen à tous, j’suis bourré.

J’pourrais faire des crises épileptiques à force de cligner des yeux en même temps que les flashs, des jeux d’ombres et de lumière, sur des silhouettes qui se font et se défont avec déraison. Trop peu à mon goût, mais j’ignore encore ce que la nuit me réserve et j’espère encore que je finirais par ramener une meuf ou un mec chez moi. Dans le fond, accompagné ou non, de toute façon je m'accompagne bien seul, aussi. Et qu'on ne vienne pas me parler de dignité, de mots d’amour, ou de dépression. C’est juste moi, tout ça. Je suis bien à ma place dans cet endroit de merde, avec tout ce monde de merde.  Ici on cultive les excès. Et je me sens excessivement seul. À crevé, même.
Heureusement, t’apparais dans mon champ de vision, tu as pas l’air trop énervé, ou alors c’est peut-être que je te fais rire parce que je tangue vers toi, un sourire défait sur ma tronche de gamin, hurlant à plein poumon ton prénom : « -ELIJAAAAAAAAAH ! T’étais où, petit chenapan ?!  »  Je prends un ton innocent, heureux. Je fais semblant que je t’ai cherché partout ces deux dernières heures. On sait bien que c’est faux , toi et moi.  Et ta tronche me fait encore rigoler.  Je te fous une grosse tape sur l’épaule, un rire gras sans vraiment te regarder pour autant, je fais signe au barman, le visage lumineux. « -Aller, chiale pas, le nabot, on va prendre un mètre de shot ! SHOT !! SHOT! SHOT ! » J’hurle en tapant du poing sur la table je presse ton épaule de ma grande main. « -J’te préviens que tu vas me porter pour rentrer ahahaha » Le barman nous fait signe et je lève le menton pour indiquer la vodka, claquant mon billet sur le bar collant.  Je n'ai toujours pas terminé de boire.


Re: Auburn ; Elijah
Lun 10 Mai - 17:35
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Auburn
@Fenix Elbaz

••• Jeudi soir •••

Le crépuscule marque le commencement de ta journée.
Tu vies la nuit, comme ta mère avant toi, vendant ton corps et ta jeunesse aux plaisirs éphémère d’une vie à laquelle tu tenais, mais sans plus.
T’arrivais-t-il seulement de voir la lumière du soleil plus d’une heure ou deux par journée ?
Lorsque tu ne travailles pas au bar, tu y passes tes soirées accoudé, le regard vitreux vrillé par les stroboscopes, attiré par les jolies filles pas très farouche comme une lucilia par la viande faisandée.
Boire – fumée – baiser. Les incontournables d’une bonne soirée. La plus souvent dans cet ordre-là.
Une routine bien rodée à force d’expérience, de beuveries en tous genres et de râteaux plus ou moins violent.
Boire, ça offre du courage, mais ça te rend aussi plus con, plus insistant, moins enclin à accepter les refus.
T’es lourd, quand tu bois.
Le genre de lourdaud qui pourrait sans mal finir en hashtag sur twitter. Balancetonporc et toutes ces conneries.
T’es pas bien méchant et jamais, ô grand jamais, tu n’irais violer qui que ce soit dans le sens le plus strict, le plus juridique du terme, mais les propros insistant, les regards lubrique et les mains sur les hanches, les mains aux culs, se faisaient de plus en plus pressant à mesure que l’éthanol serpentait dans ton sang.
T’avais pas l’alcool mauvais à strictement parler, t’étais même plutôt joyeux —la plupart du temps—, mais il exacerbait cette partie de toi que tu réfrénais durant la journée. Lorsque ton visage poupon, presque angélique, était éclairé d’un sourire teinté d’une innocence que tu avais depuis longtemps perdu, abandonné au gré des courants ascendants constituant ta vie.
L’avais-tu jamais été, innocent ? L’étais-tu, lorsque les gémissements et râles animal de ces hommes te servaient de berceuses ? Lorsque tu venais quémander un peu d’amour maternel et que tu tombais sur un enchevêtrement de corps nus, incapable d’en comprendre l’origine, tous les tenant et aboutissant ? L’étais-tu lorsqu’il te frappait ? Lorsque tu te faisais balloter de foyer en foyer ? Lorsqu’on t’avait proposé ta première clope ? Ton premier joint ? Lorsque tu avais touché une poitrine pour la première fois ? Lorsque tu sentais des lèvres réchauffer ton être, à défaut de ton cœur, durant de trop nombreuses soirée ?
Non. Sans doute que non.
Lorsque tu avais trop bu, tu redevenais cet animal que vous étiez tous, vous, les hommes. Les Hommes, avec un grand H, sans doute, même…
Tu étais assoiffé d’amour, de contact, de plaisirs… Une soif que l’alcool n’étanchait pas, bien au contraire. Il semblait même l’accentuer. La sublimer.

A peine arrivé au bar que, déjà, tu perdais de vu ton comparse de la soirée, dérivant au gré de cette marée humaine dans laquelle vous aviez choisi de vous noyez. Il te dit revenir dans cinq minutes et, quinze s’étant écoulé, aucune trace de lui.
Tu ne t’en inquiète pas outre mesure, habituer à ce que Fenix te fauche compagnie pour aller faire tu ne sais quoi avec tu ne sais qui et, pour être tout à fait franc, tu t’en fou pas mal. C’est un grand garçon. Toi aussi. Et, de toute façon, vous finirez bien par vous retrouver. Comme toujours.
Les soirs s’enchainent et se ressembles, inlassablement.
Ton regard redécouvrant les lieux que tu connais pourtant par cœur à force de les arpenter, tu scan la salle, inspectant la faune locale à la recherche d’une proie potentielle. Esseulée.
Attaquer l’ennemi pendant qu’il est affaibli, c’est la base pour toute action, même la drague.
Surtout la drague, sans doute.
Verre à la main, tu slalomes entre les différents corps mouvant au rythme de la musique trop forte, ondulant toi-aussi, entrainé par la masse.
T’es un piètre danseur et tu le sais, mais, après trois ou quatre verres dans le nez, tu te sens soudain pousser des ailes. T’as l’impression que l’alcool exulte tes capacités, quand bien même les quelques vidéos prise par tes amis te prouvaient que, non, tu n’étais pas plus doué avec de l’alcool dans le sang.
Mais tu t’en foutais éperdument, à cet instant, n’avant plus la capacité, ni l’envie, de te réfréner alors que les basses pulsaient dans tout ton corps, faisant vibrer ton pauvre cœur empoigné d’une solitude si prenante qu’elle te glaçait les sangs.

Si t’es pas vraiment fait, t’es pourtant loin d’être sobre et, après un tour rapide aux toilettes, tu retrouves la piste et les corps ondulant laconiquement, dont certaines formes généreuse illumine ton regard d’une lueur lubrique.
Tu t’approches d’un corps en particulier. Celui d’une femme aux airs peu farouche, ondulant avec une grâce sommes toute relative, mais suffisant à éveiller tes bas instincts alors que tu gravis les derniers mètres te séparant de son corps plantureux —en surpoids, diraient sans doute certains rageux, mais tu préférais qu’elles fassent envie que pitié— pour venir t’y coller.
Si la femme semble s’arrêter un instant, retournant son visage un peu trop maquillé vers toi, un sourire timide éclaire celui-ci alors que ses prunelles ébène croisent les tiennes. De toute évidence, ta gueule devait lui revenir car elle reprit ses ondulations tout contre ton corps tendu d’un désir que seules les années et l’expérience t’avaient permi de contenir à l’intérieur, invisible…
Tes mains sur ses hanches replète, tu humes l’odeur de ses cheveux, mélange de shampoing et de transpiration, exaltant encore un peu plus tes sens déjà mis à rude épreuve par ta consommation couplé à ce manque constant que tu ressentais et tentait de combler par tous les moyens.
T’en aurais presque oublié le reste du monde si seulement celui-ci ne s’était pas rappeler à toi, d’une manière aussi brusque qu’incongrue.
Et merde.
Tu te retournes à l’entente de ton prénom hurlé d’une voix bien trop familière, ton regard quelque peu vitreux se fixant sur ce visage que tu ne connaissais que trop bien, au point de pouvoir en retrace chaque contour les yeux fermés.
Fenix…
Comme prévu, il avait fini par te retrouver et, comme il savait si bien le faire, au pire moment possible.
La jeune femme se décolle soudain de toi en voyant arriver ton ami et, te jetant un dernier regard désolé, s’éloigne dans la foule d’inconnus, te laissant seul comme un con avec pour unique souvenir d’elle la chaleur de sa peau sur tes mains.
Putain…

« Tu casses les couilles, sérieux » Que tu craches à demis, fusillant le brun du regard, pas vraiment certain qu’il soit en état de t’écouter vu la couleur de ses iris et la taille de ses pupilles.
De toute évidence, il ne s’était pas arrêter à l’alcool, lui. « Tu vois pas qu’j’étais sur le point de conclure ? » A croire qu’il était resté tapis dans son coin durant deux heures, guettant le meilleur moment pour venir te faire chier de son pas titubant te tirant néanmoins un ersatz de sourire.
Il n’aurait pas pu venir avant ? Ou après. Peu importait. Juste pas maintenant.
TU soupire, mais, comme toujours, tu finis par le suivre jusqu’au bar, petit animal docile que tu es.
De toute façon, foutu pour foutu, autant noyer ta frustration dans plus d’alcool.
Tu ne pris même pas la peine de répondre à son insulte, habitué à ce qu’il ne se foute de ta gueule et de ton mètre soixante-dix tout juste dépassé.
Ouais, t’es petit, et alors ?
C’est pas la taille qui compte.
D’autant moins celle-ci…
Grimaçant légèrement au sentir de sa poigne sur ton épaule, tu lâche un grognement alors que le barman vous observe d’un œil torve, préparant les boissons commander par un Fenix qui, vu ses airs, était grandement loin d’en avoir besoin.
« Boire proprement » qu’il avait dit, hein ?
La blague.
« Tu m’as niqué mon coup en m’empêchant d’soulever une meuf donc compte pas sur moi pour te porter ou qu’ce soit » Que tu soupires, regard au plafond, avant d’attraper l’un des shoters et l’avaler cul-sec dans une parfaite poker-face. Ce qu’il y avait de bien avec ton style de vie, c’était que ta gorge semblait presque anesthésier des effets de l’alcool.
Ton foi, par contre… « T’étais passé où ? T’es tombé dans l’trou ? » En réalité, tu savais très bien ce qu’il était allé faire. Pas exactement, certes, mais dans les grandes lignes. Sans doute sniffer, avaler ou fumer certaines substances et, peut-être, se faire fumer lui-même par l’un.e ou l’autre convive dont le charme ritale de Fenix suffisait à faire tomber la culote. Ou le calbute. Peu importait, au final. « Ptain mec j’te jure que si à cause de toi j’trouve personne ce soir c’est toi que j’m’enfile… »
Une menace en l’air, bien évidemment. Hors de question pour toi de baiser un autre type et encore moins ce type.
Il devait être bourré d’MST, en plus.
Un frisson de dégoût de traversa à cette idée alors que tu attrapais un autre verre, te l’enfilant dans le vain espoir de noyer ta frustration dans toujours plus d’alcool.
Si, jusqu’à présent, t’étais parvenu à ternir le cap, ces deux verres d’affilé commençaient à te monter sérieusement à la tête, t’en donnant le vertige. Tu avais besoin de prendre l’air. L’ambiance ici devenait soudain étouffante. « J’ai envie d’fumer. On sort ? »


Re: Auburn ; Elijah
Lun 10 Mai - 17:40
Fenix Elbaz
Fenix Elbaz
696
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Minuit Passé
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Moi c'est le nombre de verres qui fait de moi c'que j'suis
J't'ai d'ja cerné parfaitement vu que j'ai mon Master cuite

Tu sais au fond, Eli, toi et moi on est pas si différents. J’crois que si je me plais autant à raconter à qui veut bien l’entendre qu’on est frères, c’est sans doute parce qu’au fond, j’suis presque certain qu’on se ressemble beaucoup plus que ce qu’on veut bien dire. On a tous les deux ce besoin compulsif d’aller toujours plus loin pour combler nos occasions manquées, les choses qu’on aurait pu avoir et qu’on a laissées passer. J’t’ai vu merdé plus d’une fois, j’me suis vu foutre en l’air tellement de choses. Beaucoup trop de gens. Dis ? Tu crois que parce qu’on souffre, ça justifie tout le mal qu’on fait autour de nous ? Parfois j’me demande. Toutes ces fois où on a pas respecté les meufs avec qui on était. Les plans foireux, les moments humiliants, toutes ces fois où on a fait de la peine à des gens ? Tu crois que c’est justifié ?  Et le plus important dans tout ça : tu crois que ça compte ? J’veux dire, au fond, si tu y penses, nous deux quand on aura 60 ans, on se rappellera même plus des visages des gens qu’on a blessés.  On se souviendra même plus de la moitié des conneries qu’on aura faites à ce moment-là. Et eux, se rappelleront sans doute plus de nos visages à nous. On ne sera plus qu’un mauvais souvenir sans visage. Comme quand tu te souviens des années après qu’un sale type t’a mal parlé à la poste. Tu te souviens pas d’son nom, encore moins de son visage. Juste de sa façon étrange de parler ou d’un détail minime sur son apparence. C’que je veux dire, là où je veux en venir, Elijah, c’est que les gens oublient. Dans trente ans, peut-être même que c’est toi que j’aurais oublié. Les gens se souviennent ni du bonheur, ni des grands malheurs. Au fond, on a tous tendance à pallier nos trous de mémoire par des récits ultra romancés. Des tranches de vies qui ont à peine exister. Toi et moi, on décrira peut-être très différemment cette soirée dans six mois, dans un an. On dira que c’était peut-être la meilleure ou peut-être la pire. Et peut-être même qu’on ne se souviendra même plus qu’elle a existé parce qu’elle ressemble tellement aux autres. Tu vois ce que je veux dire ?

La mémoire c’est surtout un truc qu’on s’invente. On est des êtres de conscience et c’est trop important d’avoir une histoire, un passé pour ne pas faire semblant. On est surtout des êtres humains, si tu veux mon avis. Et le fait de se rappeler seulement d’un petit pourcentage de notre existence, ça déshumanise. Alors on invente. Toi, et moi, et tous les autres, putain.  C’est sans doute pour ça que je justifie jamais mon passé et mes actions, j’me dis qu’au final  rien n’a vraiment d’importance. Nos vies à tous sont composé de mythologie.  Alors à quoi bon s’encombrer de putain de scrupules ? A quoi bon s'intéresser aux autres, quand on sait qu’on est capable de les oublier tout aussi vite ?  Et si j’dois m’inventer une vie quand je serais plus vieux, j’aurais pas non plus vraiment de peine  à le faire. Je dirais même que j’avais des pouvoirs magiques dans ma jeunesse pour ce que ça vaut. Ce serait tout aussi rocambolesque qu’une histoire triste qui n’a pas de sens.  Et il ne restera sans doute personne pour me contredire de toute façon. Alors quoi ?  Qu’est-ce qui nous empêche d’être incontrôlable au fond ?  Toi et moi et le monde ?
Je justifie mes conneries en me disant que les anciens criminels de guerre vivent des beaux jours en amérique du sud et qu’ils sont loin de ne pas réussir à fermer l'œil, qu’ils ont pas trop de soucis à regarder leurs reflet dans une glace. Qu’ils vivent tant qu’ils le peuvent encore et qu’ils ne se posent pas énormément de questions sur l’avenir. Et moi, je suis loin des criminels de guerre, alors tant mieux, tu vois ? Je peux tout aussi bien briser le cœur de cinquante filles par jour, j’aurais toujours tué personne. Si t’étais dans ma tête, ça te ferais sans doute beaucoup rire.

Je divague, c’est l’alcool, je t’assure. Et si tu t'inquiètes, sache que je vais bien.


Ou du moins, pas plus mal qu’hier. Mais c’est comme je te le disais. Toi et moi on est pas si différents. On se ressemble plus que ce qu’on pourrait croire. On est toujours les mêmes, on fait toujours les mêmes conneries. Et peut-être que dans cette petite ville, on tourne un peu trop en rond. Mais ni toi ni moi ne sommes assez ambitieux pour se décider à aller vivre la grande vie dans des grandes villes. On est bien trop trouillards pour se tirer. C’est peut-être pour ça que ça n’a pas marché avec June, tu sais ?  J’peux pas lui en vouloir pour ça. Elle a toujours été bien plus ambitieuse que nous deux réunis. J’aurais voulu qu’elle nous dise de nous bouger. Qu’elle me compte dans ses plans.  ONotre vie serait bien différente si on était parti avec elle. T’y penses, parfois ? J’suis même pas certain. J’pense qu’au fond, même si tu le dis pas, je te connais, t’es bien content qu’elle se soit tirée. Elle et moi, ça n’a jamais été une situation facile, tu sais ? Entre disputes et jalousie, l’ambiance anxiogène  de toutes nos vies respectives, c’est certain que ça t’a un peu détendu qu’elle parte. Peut-être qu’on est des cas trop compliqués déjà tout seuls, alors avec d’autres… Au fond, je t’imagine bien t’être dit que c’était très bien comme ça. J’imagine que t’imaginais que je m’en remettrais bien. Il est là, le souci. Est-ce que je m’en suis vraiment remis ? J’sais pas. J’dirais pas non plus que j’ai mal tourné, mais c’est sûr que tout ce qu’il me restait de confiance en l’amour - et c’était déjà pas grand chose- s’est envolé pour de bon quand elle a décidé de partir sans dire un mot. Je ne sais pas si je l’aurais vraiment empêché de partir. J’aurais juste voulu qu’elle nous donne des nouvelles. Qu’elle nous passe un coup de téléphone de temps en temps. Qu’elle nous appelle quand elle se dispute avec son foutu mari. J’en sais rien. Je dis nous, mais je veux surtout dire moi. J’aurais voulu qu’elle m’appelle moi.  Mais j’imagine que pour elle, ça n’avait plus vraiment de sens. Tu te demandes, toi ? On serait où , si tout ça n’était pas arrivé ?

Est-ce qu’on serait là ? À se niquer le foie et la santé sous des hectolitres d’alcool trop sucrés ? De la liqueur pour apaiser les peines, et sans doute un peu la haine. J’me sens encore en colère, sans trop savoir d’où ça vient. Bon sang, j’ai du mal à me suivre. J’ai du mal à me capter, comment veux-tu que quelqu’un d’autre y arrive ? Ma seule défense est celle du rire forcé. Et je rigole à en crevé, à m’en esquinter les côtes et à m’en enrouer la voix. Je rigole pour oublier que y’a rien de drôle à notre quotidien déprimant. Qu’est-ce qu’on peut faire d’autre ? Rire c’est déjà pas mal. Ça demande du courage, tu sais ? J’suis certain que t’es au courant. Toi aussi, tu sais, tu rigole beaucoup sans joie.  Et tu m’insulte sans agressivité, c’est l’une de tes qualités, j’imagine. Ou plutôt, une de tes spécificités. J’ai le don de m'agacer, t’as le don de me trouver insupportable. Tu fais la gueule, mais t’es toujours là à me suivre dans les méandres de mes déboires alcoolisés. On fait ça depuis quand, toi et moi ? Et plus important encore, on s’arrête quand ? « Tu vois pas qu’j’étais sur le point de conclure ? » Mon rire est plus fort encore quand tu fais cette tête, je te tape bien fort de la paume ton dos et avale un des shot d’un air un peu trop jovial : «-Arrête de chialer, j’te dis. Elle était moche en plus. » Je te rétorque en te voyant avaler ton deuxième shooter sans que ça ne t’en fasse vraiment plus d’effet. J’ai toujours mon air innocent sur le visage, je te suis dans tes déboires. « T’étais passé où ? T’es tombé dans l’trou ?» Un sourire aux lèvres, j’hausse les épaules, prenant mon air le plus calme levant les yeux au ciel. «-Oui, oui, quelque chose comme ça. Bois et arrête de faire ta pisseuse, le nabot. » On enchaîne les shooters, sans trop se préoccuper d'à quoi ressemblerait notre taux d'alcoolémie s'il nous venait la bonne idée de souffler dans un ballon.

T’as l’air passablement agacé pour un mec qui vient seulement de perdre une petite grosse dans la foule et moi j’crois que j’ai perdu cette notion-là avec le temps. Y’a plus grand chose qui m’agace, je suis colérique de base. L’agacement, c’est mon état stationnaire depuis que mon beau-père est arrivé dans ma vie et depuis, je suis devenu un adulte, alors c’est dire. « Ptain mec j’te jure que si à cause de toi j’trouve personne ce soir c’est toi que j’m’enfile… » J’éclate de rire en avalant le dernier shooter de la ligne offerte devant nous, ne laissant que des cadavres et sans doute notre dignité sur le bar. « Ce serait plus une punition pour toi que pour moi. J’suis même pas sûr de te sentir, moi. » Je souligne les mots par le geste en rapprochant mon index et mon pouce pour appuyer sur la taille ridicule de son engin, un rire gras qui me traverse quand tu coupe court au sujet en balbutiant : « J’ai envie d’fumer. On sort ? » J’hausse les épaules et me lève de ma chaise, espérant ne pas tomber aussi sec la face la première contre terre. Je m’appuyant sur toi, qui n’a plus le pas très sûr non plus. Je chante d’une grosse voix les airs de la musique qui passe a fond dans la boite, te suit lorsque tu te faufile dehors et la bouffée d’air me ravive un peu. C’est sans doute de ça, dont j’avais besoin. Comme si on sortait d’un sarcophage dans lequel on avait pourrit depuis des siècles, j’ai l’impression de revoir la lumière du dehors, de ressentir l’air pour la première fois. J’me rends compte par la même occasion qu’il caille et qu’on est tous les deux en sueur. D’un geste automatique, je tape mes poches pour y chercher mon paquet tout écrasé. Je t’en tends une. «- Tu y penses, parfois ? » Je souffle, en allumant ma cigarette, comme si cette question faisait vraiment sens. «- A si on était encore tous les trois. Ou si on avait décidé de partir d’ici ? » Je lève les yeux vers toi pour chercher de l’inquiétude dans tes pupilles. Je vois seulement de la surprise. C’est rare que je parle d’elle.

Re: Auburn ; Elijah
Mer 19 Mai - 12:11
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Auburn
@Fenix Elbaz

••• Jeudi soir •••

Si tu doutais d’énormément de chose, à commencer par les autres êtres humain et, surtout, toi-même, il était une chose qui restait néanmoins certaine, tel un phare dans la mer agité qui constituait ta vie. Et cette chose, c’était que Fénix était profondément et inexorablement casse couilles. Un chieur de première ! Toujours là quand on ne l’attendait pas !
Qu’on ne se méprenne pas, tu adorais ce type et tu serais capable de lui offrir ta couille droite si cela pouvait l’aider d’une quelconque façon. Mais bon dieu ce qu’il pouvait t’emmerder !
Qu’il te foire ton coup, c’était loin d’être une première, égoïste comme il était, incapable de voir plus loin que son objectif du moment et surtout pas les tiens. Non, ça, aussi peu agréable que soi la situation, tu y étais habitué.
Ce qui t’exaspérait profondément, par contre, c’était cette nonchalance avec laquelle il venait d’insulter cette jeune-femme qui, sans doute loin des canons de beauté hollywoodiens, était loin d’être hideuse.
Certes, tu te foutais pas mal de ce qu’elle pouvait bien ressentir si par malheur elle avait entendu ces quelques mots, ne l’a connaissant pas suffisamment pour t’inquiéter de ses sentiments alors que tout ce qui t’intéressait à cet instant, c’était son cul. Mais bordel ce que ça t’exaspérait lorsque Fénix décidait pour toi de qui était baisable ou non.
Est-ce que toi tu venais lui dire que ses plans étaient des laiderons ?
Non !
En partie car ça aurait été mentir, certes, mais au-delà de ça, tu ne critiquais pas tous les culs poilus qu’il s’était enfiler malgré la révulsion que cette idée créait en toi.
Ne pouvait-il pas en faire de même et te laisser baiser tes grosses en paix ?
Tu aimais la chair, toi. Sentir le moelleux et la chaleur d’un corps voluptueux pendant la baise, pas les os saillant et la froideur de tous ces mannequins dont les repas se résumaient à trois pauvre feuilles de salade et un carreau de chocolat.  
Préférant changer de sujet, sachant pertinemment que répondre à ses provocation était inutile et plus encore lorsqu’il était à ce stade là d’alcoolisation —soit plus de la moitié du temps—, tu choisis de lui demander ce qu’il foutait tout ce temps.
Tu lui demandes s’il était tombé dans le trou comme rappel à son « je reviens dans cinq minutes » transformé en heures et, ton regard perdu sur le bar se remplissant peu à peu de shoters, tu esquisses un léger rire en réponse à ses mots.
Quelque chose comme ça, qu’il te dit. Et tu connais suffisamment l’énergumène pour comprendre que le trou dans lequel il était tombé n’était pas celui des toilettes, quand bien même s’y trouvait-il sans doute lorsqu’il avait explorer celui de l’illustre inconnu.e lui ayant servie de plan cul.
Le chanceux…
Dire que toi, pendant ce temps-là, tu avais galérer à trouver une proie digne de ce nom et que, à peine rencontrer, celle-ci avait pris la fuite en voyant arriver la boule d’énergie te servant de meilleur ami.
Il n’aurait pas pu attendre une heure de plus ? Au moins le temps de voir si quelque chose était possible avec cette meuf et, pourquoi pas, pécho un numéro que tu ne rappellerais sans doute jamais.

Légèrement excédé et, surtout, frustré de n’avoir pu tirer ton coup, tu finis par le menacer de l’enculer lui —au sens propre comme au figuré— si jamais tu finissais ta soirée tout seul. Ce qui risquait malheureusement fort d’arriver, partie comme tu étais et en vu du taux d’alcool augmentant dangereusement dans ton sang.
Il éclate de rire, moqueur, et, pour toute réaction, tu lèves les yeux au plafond tout en le gratifiant d’un doigt fièrement dressé, aussi spontané que sincère.
La vérité, c’était que t’en avais depuis longtemps plus rien à foutre de ses remarques sur ta taille —en avais-tu seulement eu un jour quelque chose à faire ?—, que celles-ci concernent la hauteur globale de ton corps autant, sinon encore moins, que celles visant une partie très précise de ce dernier. En grande partie car, si tu possédais nombre de complexes, ton physique, s’en pour autant être pour toi une immense fierté, n’en avait jamais vraiment fait partie. Sans aller jusqu’à dire que tu étais bien foutu, tu savais que tu étais loin d’avoir à rougir de ce que Dieu t’avais offert à la naissance. Ou ta mère. Ou cet illustre inconnu qui te servait de géniteur et partageait une partie de ton ADN. Peu importait, à final, à qui revenait le mérite, le fait était que tu étais plutôt pas mal et que tu le savais. Et que Fenix le savait au moins tout autant pour te côtoyer depuis des années et t’avoir déjà vu plusieurs fois à poil, voir en action, durant presque autant de temps, soit plus souvent qu’un autre homme n’aurait dû le faire durant toute sa foutue vie. Et la tienne au passage.
Vérité dont la réciproque se révélait tout aussi exacte, sinon encore plus.
Le revers de la médaille de votre amitié et de cette décision que vous aviez prise d’offrir chacun une paire de clefs à l’autre. Toi comme lui ne sembliez faire grand cas de l’intimité de l’autre.
Combien de fois étais-tu venu le voir sans prévenir, alors qu’il était en charmante compagnie ? Et combien de fois en avait-il fait de même pour toi ?
Peut-être pas si souvent que ça, comparer à d’autres choses, d’autres conneries que vous aviez pu faire en dix années d’amitié, mais déjà bien trop pour toute une vie.
Une vie si proche de son début et pourtant se rapprochant un peu plus à chaque jour, à chaque verre, à chaque taffe, de sa fin. Inexorablement.

La tête lourde, le cœur pulsant douloureusement contre ta poitrine serrée d’une angoisse aussi soudaine qu’incompréhensible, tu finis par proposer à Fenix de sortir fumer une clope ou deux.
L’alcool commençait à te monter sérieusement à la tête et tu avais besoin d’un break. De sentir l’air frais de la nuit caresser ton visage. Te ragaillardir.
Ce n’est qu’une fois arriver dehors que tu remarquas à quel point tu t’étais senti mal en dedans. Que ce poids dans ta poitrine semblait s’alléger quelque peu, de même que cette impression de manquer d’air. De suffoquer.
Frissonnant en réponse à la morsure du vent fouettant ta peau recouverte d’une fine couche de sueur,
Il faisait frais, cette nuit, mais, loin de te déranger, tu fermas les yeux quelques secondes, le temps de profiter du vent sur ta peau humide, transpirant ton trop plein de doutes et d’alcool.
Ouvrant un œil légèrement vitreux sur le monde t’entourant, tu observes Fenix avec un mélange de trendresse, d’hilarité et d’exaspération, attrapant mollement la cigarette qu’il te tend en soufflant un « Merci » à peine audible, s’échappant dans le vent, mélanger à la fumer des fumeurs déjà présents, ayant eu la même idée, le même besoin que toi. Que vous.
Portant le bâton de cancer à tes lèvres, tu écoutes ton ami d’une oreille distraite, l’esprit ailleurs. Quelque part loin, très loin d’ici. Vers un lieu inconnu que seule l’ivresse ou tes rêves te permettaient de toucher du bout des doigts.
Fenix te demande si tu y pensais parfois et, te retournant vers lui, tu hausses un sourcil, l’invitant à continuer.
Si tu pensais à quoi ? A lui ? A la baise ? A la mort ? Au réchauffement climatique ? Au fait que vous n’étiez qu’un grain de poussière dans ce putain d’univers ? Aussi insignifiant qu’éphémère ?
Avec lui, tu t’attendais à tout, mais surtout à rien. A des questions aux portés philosophique fortes, sans doute en grande partie induite par les substances qu’il avait prise au cours des dernières heures, comme d’inepties sans nom.
Tu t’attendais à tout. A tout sauf à ça.

Clignant des yeux, l’air bête, tu pris bien une seconde ou deux avant de comprendre qui était ce « nous trois », peu habitué que tu étais à l’entendre parler d’elle. June.
Une des enfants perdu receuilli par sa mère, comme toi. Un volcan. Un tsunami. Une tempête.
Un maelstrom de catastrophe naturelle à elle toute seule.
Une bourrasque qui détruisait tout sur son passage. A commencer par le cœur et l’égo de Fenix.
Si, les premiers mois, les premières années, tu t’étais plutôt bien entendu avec elle, tout avait changé lorsque tu constater des effets qu’elle produisait sur lui.
Des effets néfastes. A chaque fois.
Elle le mettait dans tous ses états.
Elle le détruisait à petit feu et, pour être tout à fait franc, il le lui rendait bien.
Un couple aussi malsain que destructeur.
Jusqu’au jour ou elle était partie. Alors que vous, vous étiez restés.
« Ferme ta gueule et passe-moi ton briquet » Que tu craches d’une voix lasse, mais nullement agressive, en attrapant le briquet qu’il te tend d’un geste maladroit. T’en avais un dans ta poche, mais, à cet instant, la simple idée de contorsionner ton bras pour la fouiller te paraissait insurmontable.
Et puis, surtout, tu avais une folle envie de couper court à cette conversassions, incapable de trouver quoi répondre.
Tu n’avais aucune envie de parler d’elle.
Pas maintenant. Pas ce soir. Pas après six années sans croiser son chemin et presque autant de temps sans en avoir parlé.
Bon, pour être franc, il vous était arrivé de le faire, quelque fois, mais ces fois se comptaient sur les doigts d’une main.
Et à chaque fois, tu sentais les tiennes devenir moite à l’idée que certaines vérités ne soient déterrées.
Tu ne voulais pas en parler, mais, pourtant, à peine ta clope allumée et le Zippo rendu à son proprio que, déjà, tu changes d’avis à la première bouffée de fumée expirée. « Non… » Tu tire longuement sur ton bâton de cancer, ne pensant même pas à t’en vouloir d’y avoir succombé, toi qui aimait à répéter à qui mieux-mieux que tu avais décidé d’arrêter. Le regard fixer sur un point invisible au loin, tu reprends de ta voix légèrement chevrotante sous l’effet de l’alcool et du froid combinés. « Fin… si. Ca m’arrive… parfois… » Surtout la partie concernant votre départ de cette ville que tu connaissais déjà par cœur pour n’y avoir vécu que 8 ans à tout péter, tout additionnés.
Tu vous imaginais parfois, arpentant les routes d’Amérique à voiture, vous arrêtant dans l’un ou l’autre motel minable, une femme dans chaque ville, découvrir ce pays —pourquoi pas le monde— de fond en comble, tout en ayant durement conscience que vous étiez purement et simplement incapable de sortir de votre train-train quotidien. Vous n’en aviez pas les couilles. Ou bien peut-être juste la flemme ? T’en sais foutre rien, mais, toujours était-il que vous ne vous étiez encore jamais décidé à quitter la ville plus d’une semaine ou deux, pour des vacances au goût de trop peu.
Toi, encore, tu n’étais pas né ici et pouvait donc te targuer d’avoir voyagé, découvert de nouveaux horizons notamment grâce —ou bien peut-être à cause ?— à tes nombreux ballotement de foyer en foyer, mais la vérité restait que tu n’avais jamais dépassé le périmètre de cinquante, voire peut-être cent kilomètres autour de Klamath Falls.
Pourquoi faire ? L’herbe était-elle plus verte ailleurs ? Tu en doutais fortement.
Alors, quitte à répéter encore et toujours les mêmes conneries, à ne pas apprendre de tes erreurs, autant le faire ici. Dans un lieu que tu connaissais suffisamment pour te permettre de ne plus rien en avoir à foutre de lui manquer de respect de par tes frasques alcoolique.
« J’me d’mande parfois comment c’est ailleurs… ensuite j’me rappelle que j’en ai d’jà vu des bouts et que, franchement, c’était tout autant à chier qu’ici, alors… » Tu hausses les épaules, tirant sur ta clope, avant de fermer les yeux, profitant de l’air sur ta peau. « Pourquoi tu m’parles d’elle ? » Observant ton ami du coin de ton œil, tu ne pipes mot, bien conscient que, sous ses airs m’enfoutiste, il était loin de s’en foutre, justement.
Sinon, pourquoi aurait-il lancé le sujet ?
Tu le connaissais suffisamment pour savoir que ce sujet était un sujet sensible et que, s’il t’en parlait ce soir, c’était qu’il en avait gros sur la patate.
Ce que tu ignorais, par contre, c’était pourquoi.
Qu’est-ce qui avait déclenché cet instant nostalgie ?
Tu hésitas un instant à lui demander ce qui n’allait pas, avant d’avorter l’idée. Là aussi, tu savais que Fenix ne répondrait pas, ou pas complètement sincère, à cette question. Pas formulée de la sorte, du moins. « Et toi ? Tu t’es d’jà posée la question ? » Sans doute que oui. Sinon, pourquoi te demander ? « T’imagines ça comment, toi ? »

Re: Auburn ; Elijah
Sam 29 Mai - 23:07
Fenix Elbaz
Fenix Elbaz
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Mon coeur est glacé même quand c'est pas l'hiver.
FONDATRICE

Minuit Passé
J'commence à être affamé comme un mec en détention
Moi c'est le nombre de verres qui fait de moi c'que j'suis
J't'ai d'ja cerné parfaitement vu que j'ai mon Master cuite

Écoute les rumeurs adolescentes. Il en est des naufrages, ces cœurs qui chavirent. Du haut de mon piédestal, derrière les immenses murs dans mon cœur, érigés pour ne protéger que moi. Ceux qui me gardent bien de refaire deux fois la même erreur. Ceux qui m’empêchent d’aimer qui que ce soit, quoi que ce soit. Même pas moi-même, c’est sans doute le pire. Du haut de mon piédestal, je tangue, certains soirs. Quand l’alcool se fait trop présent dans mes veines. Le plancher sous mes pieds se dérobe et la gueule grande ouverte de l’océan abyssal de mes pensées m’avale tout rond. Je tombe, Eli… Je tombe. Je me suis glissé dans les déchirures depuis trop longtemps et je me suis lové dans le creux d’un fossé froid qui me brûle la peau. Le pire, je crois, c’est qu’à chaque fois que je pense à en sortir, je finis par me dire que je ne suis pas si mal, dans ma déchéance. Je me demande, parfois, si ce n’est pas devenu mon style. Je suis devenu un putain de soft boy qui trouve l’aestetic de la souffrance franchement bandant ? J’en sais rien. J’ai du mal avec le concept. Je déteste simplement l’idée d’être encore hanté par quelqu’un qui ne pense sans doute pas à moi. Je suis jaloux de la facilité qu'ont les gens à s’oublier entre eux. Le fond du problème, c’est que moi je ne sais pas faire ça. Oublier les gens, même ceux qui m’ont lâché, même ceux qui m’ont trahis. Même ceux qui m’ont détruit. C’est marrant, tu sais, Eli. Mon père est mort quand j’avais sept ans. Et depuis, je devrais sans doute avoir oublié les traits de son visage, le son de sa voix, celui de son rire. Mais non. Je m’en souviens. Aussi clairement que je me souviens de toi, lorsque je ne te vois pas pendant deux semaines, ce qui est rare, j’en conviens. Mais, moi, voilà. J’oublie pas les gens. Je n’y arrive pas. J’essaie, pourtant. Mais je ne suis pas doué pour ça. Je m’accroche aux bons souvenirs, à ceux qui me donnent le sentiment que j’étais pas si seul sous cette voûte céleste. La vie, tu sais, ça cache des belles choses quand on décide de ne pas penser à toutes les mauvaises.

Je pourrais prétendre que tu connais pas ça, toi. Que je suis seul au monde et que quoi que je dise, personne comprendra jamais c’qui se trame dans mon crâne malade. Mais j’imagine que ce serait foutrement hypocrite. Tu me connais. Tu connais très bien mes putains de phases de cinglé. Les fois où j’me tire de nos soirées sans rien dire. Les fois où j’te fous des immenses plans parce que dans mon crâne, j’suis juste incapable de faire autrechose. Les jours où j’réponds plus aux messages et ceux où j’t’inonde d’infos inutiles que t’as peut-être même pas besoin de savoir. Ça varie toujours avec moi. Entre les moments où je suis trop amical et ceux où je redeviens un étranger. J’crois que t’es le seul à comprendre c’qui me rends aussi instable. J’sais pas si j’pourrais vraiment dire que je suis triste. Ou même déprimé, dépressif. Je suis rien de tout ça. J’suis simplement hanté.

Hanté par des souvenirs récurrents, récalcitrants et désagréables. Des questionnements qui tournent en boucle dans mon crâne sans jamais trouver. J’pense que mon état est trop stationnaire, j’ai des tas de relations sommaires et au final quand j’y regarde de plus prés, je tourne en rond , c’est toujours la même chose. La même problématique, les mêmes conversations, les mêmes soirées. L’alcool, les meufs, les mecs, les plans à la con, l’alcool qui s’insinue de plus en plus dans les veines et l’alcool qui finit de toute façon par me rendre triste une fois sur trois. Je sais bien que j’aurais dû me la fermer, en posant cette question. Je sais que depuis qu’elle est partie, tu évites le sujet et moi, ça m’arrange bien. J’ai du mal à en parler de toute façon. J’aimerais que toi, tu sois un peu plus ouvert à la discussion sans doute… J’aimerais pouvoir en parler quand j’y arrive. Mais tu évites toujours la conversation. Peut-être qu’au fond, tu as l’impression de me rendre service aussi. Parce que si elle n’existe plus, ça nous permettrait peut-être d’avancer un peu, j’imagine. «-Ferme ta gueule et passe-moi ton briquet » Je soupire, glisse une main dans une poche pour te tendre mon zippo, tremblant du trop de drogues à l’intérieur de moi. J’sais pas trop c’qui m’arrive. J’me sens malade, j’crois. Ou peut-être que c’est cette conversation qui me retourne le bide. J’dis rien pourtant. J’attends un peu. J’me dis que peut-être que pour une fois, l’alcool ne déliera pas seulement ma langue. Je te regarde, sans trop savoir quoi répondre. Et je m’apprête à donner une excuse pour rentrer chez moi quand tu te décides enfin à dire quelque chose. « Non… » Juste ça. Non. T’y as jamais penser, sans doute parce que toi comme tous les autres personnes que j’connais, vous saviez tous que cette histoire finirait par éclater. Par m’exploser à la gueule, plus précisément. « Fin… si. Ça m'arrive… parfois… » Tu mens, je crois. J’pense que t’oses pas me dire en face que t’es content qu’elle se soit tirée, June. Tu voudrais, parfois, j’imagine.

Je te vois bien me hurler sans pression : «TU M’CASSES LES COUILLES AVEC TON EXE, FENIX. ELLE PUAIT LA MERDE, OK ? » Et en vrai, t’as même pas besoin de le dire à voix haute pour que je sache que tu le penses depuis des années. Et ça me fout un poid sur l’estomac au fond. « J’me d’mande parfois comment c’est ailleurs… ensuite j’me rappelle que j’en ai d’jà vu des bouts et que, franchement, c’était tout autant à chier qu’ici, alors… » J’hausse les épaules. Tu sais très bien que c’était pas le fond de la question. Mais tu l’évites et je comprends, je crois. J’me sens un peu las, là. J’ai envie d’me tirer d’ici. J’commence à avoir cette fameuse migraine de stress, qui me dit que j’vais sans doute regretter demain si j’reste. « Pourquoi tu m’parles d’elle ? » « Pourquoi tu refuses d’en parler, toi ?» Je rétorque sans réfléchir. Et la moue que tu fais me fait dire qu’il y a bien un truc. Un truc qui te trotte dans l’esprit. Je te connais assez pour savoir.

Tu hésites un instant à répondre à l’attaque et peut-être que tu préfères l'ignorer pour te recentrer sur moi. « Et toi ? Tu t’es d’jà posée la question ? » à mon tour d’hausser les épaules. Je n'aurais pas dû engager cette conversation. J’sors mon téléphone de ma poche et j’ouvre l’application Uber, sans vraiment calculer le truc, j’ai la pulsion d’rentrer chez moi le plus vite possible. C’est peut-être aussi que j’ai envie de chialer, là. Tu connais la réponse à cette question de toute façon. « T’imagines ça comment, toi ? » Je souffle, agacé. J’aime pas quand tu joues au psy à deux balles. Mais, je sais bien que je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. «- J’vais rentrer. J’ai un coup d’barre.» Je mens, tapant fermement sur ton épaule, un sourire aux lèvres. «- On se sera pas vu longtemps, mais mets un coup à la p’tite grosse d’ma part, hein ?» Avant que t’aies pu dire quoi que ce soit, j’saute par-dessus les barrières de sécurité qui séparent la rue du fumoir et je traverse en te faisant un signe de la main. C’est pas spécialement la première fois que je te fais ce coup-là. Pas spécialement non plus la dernière, j’imagine. Je sais que tu sauras rester à ta place. C’est pour ça, que c’est toi mon meilleur pote. Tu sais respecter les moments où j’ai besoin d’me retrouver entre moi et moi.

Re: Auburn ; Elijah
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